NOTES
Le nom de l’abbé de Saint-Pierre (1658-1743) est resté attaché à son invention de la Taille tarifée, ancêtre de notre impôt sur le revenu et, surtout, à son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe (1713), où l’on peut voir une sorte d’ONU ou de Société des Nations avant la lettre. Mais c'est un autre livre qui valut à l'abbé de Saint-Pierre son exclusion de l'Académie, ainsi racontée par le Dictionnaire de Chaudon et Delandine: « Dès 1695 il avoit eu une place à l'académie Françoise. Le cardinal de Polignac, instruit de ses lumières sur la politique, l'emmena avec lui aux conférences d'Utrecht. Après la mort de Louis XIV, il fut unaniment exclu de l'académie Françoise, pour avoir préféré dans sa Polisynodie l'établissement des conseils, faits par le Régent, à la manière de gouverner de Louis XIV. Il avoit mis à la tête de son livre, ce passage de Salomon: Ubi multa concilia salus [Le salut se trouve là où il y a plusieurs avis]. Il avoit raison à certaine égards; mais il fut obligé de convenir lui-même, qu'il est également nécessaire que quelque homme éclairé prépare les questions soumises aux conseils, et que l'autorité se décide lorsque les affaires sont pressées, ou que les affaires ont été mûrement discutées. Quoi qu'il en soit, le cardinal de Polignac fit une brigue pour son exclusion, et il n'y eut que Fontenelle qui s'y refusa; mais le duc d'Orléans ne voulut pas que la place fut remplie. Elle demeura vacante jusqu'à sa mort, arrivée le 29 avril1743, à 86 ans. » Voltaire ajoute: « L’abbé de Saint-Pierre ne se plaignit point. Il continua de vivre en philosophe avec ceux mêmes qui l’avaient exclu. Boyer ancien évêque de Mirepoix, son confrère, empêcha qu’à sa mort on prononçât son éloge à l’Académie, selon la coutume. Ces vaines fleurs qu’on jette sur le tombeau d’un académicien n’ajoutent rien ni à sa réputation ni à son mérite: mais le refus fut un outrage et les services que l’abbé de Saint-Pierre avait rendus, sa probité et sa douceur méritaient un autre traitement. » (Le siècle de Louis XIV)
Ce qui suit vise les Poésies pastorales (1688) de Fontenelle et son Discours sur la nature de l'églogue, puis Les Saisons (1769) de Saint-Lambert.